Karma Marketplace

Commencé le 2007 | ,

Panneau extérieur invitant les clients à essayer les produits originaux, écrit sur un petit panneau noir.
Panneau extérieur invitant les clients à essayer les produits originaux.

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Karma Project est une entreprise sociale implantée en Huronie. Son magasin, Karma Marketplace, situé à Penetanguishene, Ontario, offre des produits et des services uniques qui ne sont offerts nulle part ailleurs dans la région.

Les domaines d’activité de cette entreprise sociale sont :

  1. L’art et la culture;
  2. La production et la distribution alimentaires.

Les produits et les services comprennent : un magasin, qui vend des objets d’art et de l’artisanat locaux (vêtements et bijoux), des aliments (biologiques), des produits équitables (thé, café, sucre, chocolat); une cuisine communautaire (reliées au magasin); 3 acres de jardin communautaire; 3 marchés fermiers; un programme hebdomadaire de paniers alimentaires avec option de livraison à domicile; et toute une gamme d’ateliers de sensibilisation aux saines habitudes de vie. Karma Marketplace est un carrefour communautaire pour tout ce qui est local.

1. Contexte communautaire

Karma Project est au service de toute la Huronie y compris les municipalités de Penetanguishene, Midland, Tay, Tiny et Christian Island. Karma Marketplace est situé à l’extrémité sud de la baie Georgienne à Penetanguishene en Ontario. Penetanguishene est une communauté bilingue d’environ 10 000 habitants. Les principales caractéristiques de la ville comprennent la présence de grandes industries, des personnes et des familles à revenu fixe et faible, les populations carcérales et du centre de santé mentale à sécurité maximale et une main d’œuvre qualifiée. Les résidents trouvent que Penetanguishene est une ville dispersée, car elle est constituée de plusieurs petites communautés. Chaque communauté a ses propres intérêts socioéconomiques tout en faisant partie d’une communauté plus grande, celle de la Huronie. Les caractéristiques communautaires qui ont influencé la création de Karma Project sont les suivants : les besoins en produits locaux, biologiques et équitables; le besoin d’un centre de ressources pour tout ce qui est local; le besoin d’un espace central pour des produits uniques qui facilite l’accès à ces ressources. Les personnes qui gèrent le projet voulaient qu’il y ait un lien entre les consommateurs et les producteurs afin de renforcer les relations en personne dans la communauté. Les résidents de Penetanguishene sont très favorables à Karma Project. Les personnes qui travaillent au sein du projet estiment que c’est une entité régionale qui influence le fonctionnement du système alimentaire local dans toutes les municipalités de la Huronie. Les membres de la communauté et les touristes qui connaissent cette entreprise sociale font régulièrement des commentaires positifs sur le projet.

2. Historique

Erin Chapelle, fondatrice, debout devant une étagère présente des produits et tient un exemplaire dans ses mains.
Erin Chapelle, fondatrice de Karma Project, montrant des produits.

Karma Marketplace

a ouvert ses portes le 1er novembre 2007 avec un magasin de 200 pieds carrés au centre-ville de Penetanguishene. Le magasin a marqué le début de Karma Project, fondé par Erin Chapelle qui à l’époque venait de s’installer à Penetanguishene. L’entreprise sociale était au début une entreprise privée dont Erin était la propriétaire; celle-ci a été convertie en coopérative appartenant aux membres de la communauté en 2012. Erin a invité des amis proches, des collègues et des agriculteurs locaux à donner leur avis sur la création de l’entreprise sociale. Les membres de la communauté ont été consultés en 2009 sur de nouvelles initiatives. L’expérience personnelle d’Erin, qui a vécu en Amérique latine sept ans, a influencé la création de l’entreprise sociale, car elle désirait conserver les valeurs apprises au sein de la petite ville de Penetanguishene : « L’apprentissage culturel a eu une influence sur mon cerveau, mon cœur, mon esprit, la façon dont je dépensais ou pas de l’argent… en revenant au Canada, je ne voulais pas perdre tout ça, même si je savais que j’allais devoir m’adapter. Je voulais être sûre que d’une façon ou d’une autre j’allais conserver ces valeurs et je savais que si elles faisaient partie de ma vie quotidienne, je les conserverais, et puis il y a eu le magasin ». Erin veut jeter des ponts entre les cultures pour apprendre aux gens comment renouer avec leurs collectivités. Les gens peuvent reprendre contact avec leur collectivité par le biais de l’art et de la nourriture afin de rétablir des liens. Karma Project consiste davantage à garantir que chaque membre de la communauté a accès à une alimentation saine qu’à rapporter du profit.

Au cours de son voyage en Amérique latine, environ cinq ans avant l’ouverture du magasin, Erin avait déjà rédigé la mission et la vision de l’entreprise qu’elle voulait créer. Elle appelle ces années-là « l’étape des racines invisibles » de l’entreprise sociale, mais ces idées sont établies depuis maintenant plus d’une décennie. Il a fallu environ un mois après l’acquisition des premiers 200 pieds carrés de magasin pour transformer l’espace. Cette période, antérieure à l’ouverture de Karma Marketplace, a été consacrée à repeindre, accrocher des œuvres d’art, construire des étagères et emporter des produits pour la vente. Karma Project est basé sur les atouts de la communauté puisqu’il s’appuie sur le travail des autres. Par ailleurs, lorsque Karma Marketplace vend les produits d’un agriculteur dans le magasin, alors cet agriculteur peut vendre les produits du magasin au marché. Ainsi, chacun fait la promotion du travail de l’autre et forge des partenariats sains visant à créer un espace communautaire de ressources. Karma Marketplace est aussi un carrefour communautaire, car les personnes viennent au magasin en majeure partie pour les ressources et les informations. À Karma Marketplace, on est convaincu qu’« on récolte ce qu’on sème », c’est pourquoi on souligne l’importance d’acheter local. Erin croit que changer le monde peut commencer par appuyer la communauté dans laquelle on vit.

3. Développement de l’entreprise et résultats

Au début, le magasin était un petit centre local pour les arts, l’artisanat et la culture avec cinq artistes d’El Salvador et cinq artistes locaux de la Huronie. L’alimentation locale a été introduite dans le magasin plus tard dans le but de répondre aux besoins du marché et encore maintenant de nouveaux produits y entrent à mesure que l’entreprise grandit. Étant donné l’augmentation des besoins de la communauté et les ressources disponibles, Karma Marketplace a déménagé dans un nouveau magasin de 1000 pieds carrés qui comprend une cuisine communautaire sur un côté du bâtiment (voir la structure de l’organisme pour plus de détails).

Selon Erin, Karma Project veut par le biais de ses initiatives « injecter une microéconomie » dans la Huronie. Les principaux objectifs de l’entreprise sociale sont d’offrir une alimentation saine aux résidents de la Huronie, de forger des relations communautaires visant à soutenir le mouvement en faveur des aliments locaux et d’œuvrer à la sécurité alimentaire de la région. Chez Karma Marketplace, on encourage la consommation responsable, car « on récolte ce qu’on sème » par nos achats. Les gens de Karma Marketplace pensent qu’il faut apporter plus de changements « au système alimentaire actuel, pour le rendre plus accessible, plus durable et plus local pour les consommateurs et les producteurs ». Le modèle d’entreprise actuel de Karma Marketplace est une coopérative sans but lucratif. L’entreprise sociale est passée d’une entreprise individuelle à une coopérative sans but lucratif en 2012, après plusieurs années de fonctionnement. Elle est liée par la Loi sur les coopératives qui relève d’une agence fédérale. Karma Marketplace est aussi reconnu par la communauté comme étant une entreprise sociale. Ce qui a motivé le choix de ce modèle est le fait de répondre aux besoins de la communauté, de s’autofinancer et de maintenir une présence sociale, environnementale et spirituelle dans la Huronie. Erin espère que le prochain modèle sera une coopérative à plusieurs niveaux afin que la communauté devienne propriétaire du magasin. Erin estime que Karma Project réalise manifestement ses objectifs clés.

À l’heure actuelle, il n’y a pas de retard, mais la demande de la communauté continue d’augmenter et donc il faudra bientôt plus de ressources. Les gens de Karma Marketplace pensent que ce genre de croissance est bon. Les produits et services de Karma Project rejoignent les cinq municipalités de la Huronie. Les arts, l’artisanat et les produits alimentaires sont fait ou produits à moins de 100 miles du magasin. Tous les produits vendus dans le magasin sont cultivés, transformés et produits par Karma Project dans la cuisine communautaire. Les objets d’art et d’artisanat sont toujours faits à la main par des artistes locaux d’El Salvador. Les principales étapes de développement de l’entreprise sociale sont les suivantes : l’ouverture du magasin, le déménagement d’un emplacement de 200 pieds carrés à un espace de 1 000 pieds carrés, le premier marché fermier lancé en 2009 avec un comité directeur de 10 personnes, l’intégration de procédures pour établir un système d’exploitation standard (les finances, les opérations bancaires, les marchés et les profits qui étaient alors séparés sont maintenant interreliés), le premier jardin communautaire développé en 2012 sur 2 acres de terre, l’octroi d’une subvention de la Fondation Trillium qui a permis d’avoir les premiers employés rémunérés et la gestion d’un conseil d’administration à partir de 2012. Ces étapes marquent l’essor de Karma Project.

4. Structure de l’organisme

Capture d’écran du site Web de Karma Marketplace, gros plan de plantes avec Karma Marketplace en écriture manuscrite.
Instantané du site Web de Karma www.karmamarketplace.com

Le magasin de Karma Project est situé au 74 et 76 Main Street à Penetanguishene. Il y a deux commerces avec des entrées séparées, reliés par une porte. Un côté est utilisé pour vendre des marchandises et l’autre côté est un café à « contributions volontaires » et une cuisine communautaire. Depuis son ouverture, Karma Project est passé d’un commerce à plusieurs autres initiatives. Les emplacements hors site sont les suivants : les marchés fermiers (vendredi soir à Victoria Harbour, samedi matin à Penetanguishene et lundi après-midi sur Christian Island), 3 acres de jardins communautaires à 1 km du magasin et un service de livraison hebdomadaire pour les paniers alimentaires offerts aux acheteurs avec des obstacles de transport. Toutes ces initiatives constituent Karma Project qui a commencé par le magasin Karma Marketplace. Erin cherche à agrandir le magasin à deux nouveaux endroits : Port McNicoll à Tay Township (d’ici février 2014) et Christian Island (date à déterminer).

Le transfert de propriété est actuellement en transition d’une entreprise individuelle à une coopérative sans but lucratif, ce qui a débuté en 2012, cinq ans après l’ouverture de Karma Marketplace. La structure de l’entreprise comprend un conseil d’administration et le personnel. Le personnel s’occupe de la gestion quotidienne alors que les membres du conseil d’administration prennent les décisions importantes. Erin pense que l’interaction régulière avec le conseil d’administration et les procès-verbaux qui documentent l’adoption des décisions importantes assurent la transparence entre Karma Marketplace et les collectivités liées au projet. Un comité de sélection est responsable du processus d’embauche de nouveaux employés; il comprend Erin (directrice générale), un membre du conseil d’administration et un employé de première ligne. Cette entreprise sociale interagit avec la plupart des agriculteurs locaux, des artisans et des coopératives de la région. Erin siège au comité directeur du Local Organics Food Co-ops Network (LOFC Network), un réseau provincial de coopératives alimentaires et agricoles. Elle a créé un partenariat informel avec d’autres membres du comité par le biais de rencontres et de conférences. Meridian Credit Union, une assurance par l’entremise de Cooperators, et la municipalité de Penetanguishene comptent parmi les partenaires de Karma Project. Erin reçoit une aide technique informelle grâce au mentorat offert par des propriétaires de petites entreprises locales et aux membres de la communauté qui offrent leurs conseils, partagent leurs ressources et participent aux discussions concernant les prochaines étapes de Karma Project.

Selon Erin, les ressources telles que les plans de gestion des risques et les codes de conduite ont joué un rôle essentiel au développement de son entreprise. Karma Marketplace a reçu un financement pour un poste à plein temps. Ce poste est divisé en deux emplois de 20 heures par semaine. Une personne employée a de l’expérience en agriculture à petite échelle, l’autre en cuisine. Ceci a permis à Karma Project d’utiliser ce financement au maximum étant donné qu’il n’a pas fallu de formation supplémentaire à l’ouverture. Une subvention de la Fondation Trillium est utilisée pour payer 6 employés à temps partiel qui travaillent à tour de rôle au magasin, aux marchés fermiers et au jardin communautaire. Ces employés à temps partiel travaillent environ 20 heures par semaine et sont payés 15 $ l’heure. Il n’y a en ce moment pas d’avantages sociaux, mais les produits et services leur sont offerts aux prix de gros. Les seuls roulements de personnel sont dus au travail saisonnier, aux déménagements hors de la ville et aux retours aux études. Erin constate qu’une fois que les personnes se sont investies dans le projet, elles s’engagent à long terme. L’entreprise va connaître une nouvelle croissance une fois les nouveaux locaux ouverts. Erin espère que l’équipe va se déplacer entre l’emplacement actuel et les nouveaux lieux d’implantation tout en encourageant les membres de la communauté à participer au fonctionnement. Erin, fondatrice de Karma Project, fait du bénévolat à plein temps afin de gérer toutes les initiatives de Karma Project y compris les employés et les bénévoles. Son rôle de conseillère municipale depuis 2010 permet à Erin de mieux faire connaître sa vision de la communauté locale. Erin peut également siéger au conseil d’administration, car elle n’est pas rémunérée.

À l’heure actuelle, 5 personnes siègent au comité directeur de Karma Marketplace. En automne, le programme Good Fox Box a besoin d’environ 50 bénévoles durant les périodes les plus occupées. Cependant, en temps normal, environ 30 bénévoles donnent leur temps, leur énergie et leurs ressources pour contribuer au fonctionnement et au succès du projet. Auparavant, 8 stagiaires non rémunérés ont travaillé pendant de courtes périodes pour acquérir de l’expérience dans le mouvement de l’alimentation locale. L’âge des employés et des bénévoles varie entre 20 et 60 ans ce qui apporte une belle diversité d’expériences, de compétences et de perspectives sur le développement économique communautaire. Les apprentissages culturels, l’exposition aux initiatives entrepreneuriales, l’agriculture de petite échelle, la cuisine à partir d’aliments frais pour un grand nombre de personnes et un jeune diplômé dans les domaines de la sécurité alimentaire et de la planification stratégique sont autant d’éléments propices à la diversité du leadership. Le conseil d’administration est lui aussi imprégné de diversité, car il est composé de divers acteurs clés de la communauté dont un représentant communautaire, un ex-représentant de la caisse d’épargne et de crédit, un agriculteur local et un enseignant local.

Karma Project offre à ses employés des possibilités de développement professionnel : un voyage à Toronto pour visiter des entreprises sociales développant des initiatives similaires, une retraite des employés en septembre 2013 destinée à l’élaboration d’un plan stratégique, une formation hors site de deux jours donnée par un professionnel en santé mentale (une séance sur les saines habitudes alimentaires et une autre sur les procédures pour servir les personnes ayant des problèmes de santé mentale à laquelle des membres de la communauté sont invités à participer), deux activités sociales pendant les vacances d’été et d’hiver et des réunions du personnel toutes les deux semaines. Différentes sortes de médias sociaux et de marketing sont utilisées pour la promotion de Karma Project : Facebook, Twitter, SNAP Magazine, Midland Mirror, simcoe.com, le magasin du CNHR (Canadian Natural Health Retailer), le site Web de Karma Marketplace et MailChimp pour la diffusion massive de courriels sur le programme des boîtes alimentaires, les nouvelles de la semaine et les prochaines activités.

Page Facebook de Karma Market avec une photo de différents légumes qu’on peut y trouver.
Lien vers la page Facebook de Karma Marketplace

5. Finances

De 2007 à 2009, Karma Marketplace n’utilisait pas de système comptable. C’est en 2010 qu’Erin a cherché l’aide d’un comptable puisque l’entreprise sociale prenait de l’ampleur. Le magasin et les marchés fermiers n’acceptent pas les cartes de débit ou de crédit; ce sont uniquement des ventes au comptant. Erin est convaincue qu’il n’est pas nécessaire de changer le système comptable à l’heure actuelle. Le tableau ci-dessous donne une liste des aides financières reçues par Karma Project jusqu’à présent :

Année Montant Donateur Calendrier des activités
2010 4 500 $ Carrot Cache Activités régulières
2010-2011 6 000 $ (2×3 000 $) Evergreen Activités régulières
2011 3 500 $ Fiskars Activités régulières
2012 141 000 $ Fondation Trillium (subvention) Activités régulières
2012 4 500 $ Ontario Non-Profit Co-op (ONPC) Activités régulières
2013 2 000 $ (2×1 000 $) Simcoe Muskoka District Health Unit Activités régulières

 

Les subventions externes ont été utilisées après trois ans d’activités régulières. Les étapes de démarrage et de développement n’ont pas nécessité de financements. De petits dons sont régulièrement effectués pour l’achat de produits à « contributions volontaires » au magasin. L’aide en nature provient en partie des 3 acres du jardin communautaire pour lesquels Karma Project paye uniquement les coûts reliés à la consommation d’eau, la location du terrain est gratuite. Les bénévoles, les clients et les autres membres de la communauté donnent des pots Mason pour le café. Erin aimerait développer une option de dons en ligne pour qu’ainsi les personnes qui ne vont pas au magasin puissent soutenir le projet à partir de leur communauté. Le bénévolat et le mentorat sont les plus importants appuis non financiers. Les prochains soutiens financiers souhaités seraient destinés à l’achat d’un véhicule pour le transport des marchandises et des boîtes alimentaires et à un poste administratif au magasin.

Pour Karma Marketplace, la viabilité financière c’est la capacité financière de gérer tous les projets, d’embaucher des employés à long terme et d’autofinancer le magasin. Pour Erin, Karma Project est stable, mais sans financements extérieurs il serait impossible de rémunérer des employés. Ceci se traduirait par le départ de certaines personnes ce qui rendrait la gestion du magasin et des locaux hors site plus difficile pour Erin. L’entreprise sociale n’a pas de dettes. Le bâtiment est payé, les agriculteurs sont payés à la semaine, les artisans sont payés à la journée et l’entreprise n’a ni prêts ni cartes de crédit. L’un des objectifs financiers est de couvrir les ressources et les actifs. Karma Marketplace ne se fixe pas de revenu mensuel, il ne faut donc pas atteindre un objectif hebdomadaire ou mensuel. Ce qui est important pour l’exploitation de l’entreprise sociale c’est qu’un nombre croissant de personnes ait accès aux marchandises en allant au magasin et en achetant aux marchés. La viabilité financière de Karma Project dépend d’une certaine manière de la responsabilité individuelle des membres de la communauté à acheter local. De janvier à décembre 2012, Karma Project a enregistré des ventes nettes de produits et de services s’élevant à 70 000 $. Les ventes nettes comprennent le produit des ventes à « contributions volontaires » de la cuisine communautaire. Les recettes brutes totales pour la même période étaient de 142 500 $ et sont composées des ventes nettes, de la moitié de la subvention de la Fondation Trillium et du financement de SMDHU. À l’heure actuelle, le magasin entre dans ses frais, mais pas les salaires des employés. À l’avenir, Karma Project vise à équilibrer ses revenus.

6. Enjeux et succès

Selon Erin, la difficulté qu’éprouvent les gens à comprendre le concept de l’entreprise sociale est le premier enjeu et le premier obstacle. Souvent, les gens demandent aux employés de Karma Marketplace : « pourquoi vous faites ça? » dans un effort de saisir la mission et la vision de Karma Project. Erin estime que la mission est très claire, mais ce que le projet veut réaliser à plus grande échelle (la sécurité alimentaire) ne l’est pas. Une croissance encore faible représente une autre difficulté aux yeux d’Erin, car le magasin ne dispose pas d’autant de marchandises qu’Erin et ses employés le souhaiteraient. L’équipe de Karma Project surmonte les obstacles par la flexibilité, l’honnêteté, la créativité et les partenariats. Pour Erin, surmonter les obstacles signifie prendre des risques pour toutes les initiatives existantes. Le modèle des « contributions volontaires » représente un des risques importants pris par Karma Marketplace. Néanmoins, il s’est avéré très efficace jusqu’à maintenant. Ce modèle est affiché comme suit aux murs du commerce :

  • Veuillez choisir la portion qui vous est appropriée, celle qui comble vos besoins particuliers et réduit nos déchets. Prenez-en une deuxième plutôt qu’une trop grosse dès le départ;
  • Veuillez tenir compte des prix suggérés. Nous avons décidé de les inclure après avoir étudié d’autres cuisines similaires qui proposaient elles aussi des listes de prix.

Selon Karma Marketplace, « le modèle des contributions volontaires favorise un échange équitable qui permet aux consommateurs de déterminer leur contribution au repas (et au parcours des aliments de la fourche à la fourchette) ». En fin de compte, c’est une « expérience sociale » qui dépend de chaque personne tout au long du parcours alimentaire. Erin considère ce modèle comme une approche différente du commerce et de la communauté qui a un grand potentiel en matière de développement durable une fois qu’on en a compris la mission. La plus grande amélioration de l’entreprise a découlé de l’obtention du financement pour des employés à temps partiel et de l’élaboration du plan stratégique. Grâce aux employés de l’entreprise sociale, Erin a passé moins de temps au magasin et plus de temps sur les nouveaux lieux d’implantation. La direction et le personnel vont établir un plan stratégique d’ici septembre 2013. Ceci représente un progrès majeur pour l’essor de l’entreprise, car un plan stratégique facilite la planification de la relève, la mise en œuvre à long terme de nouvelles idées et un plan d’affaires rigoureux qui à l’avenir fera de Karma Project un leader solide du secteur de l’entreprise sociale. Les idées sont toujours en mouvement, l’objectif de Karma Project est de continuer à satisfaire les besoins de la communauté en s’adaptant à elle et à ses changements. Karma Project est fier de sa mission sociale, soit offrir à ses clients des produits locaux, biologiques et équitables. Erin déclare que « plus il y a de gens qui savent pourquoi nous faisons des choses… ils réalisent que nous parlons de nourrir nos collectivités et de retrouver notre résilience et notre capacité à subvenir à nos besoins ». Elle ajoute que « les gens vont commencer à investir différemment, et là je ne parle pas de dollars. Quand ils voient ce que nous faisons, quand ils nous voient semaine après semaine aux marchés, quand ils viennent voir le jardin, c’est là qu’ils voient comment nous cultivons les aliments si proprement. C’est à ce moment-là qu’ils commencent à sentir qu’ils font partie de Karma Project et que la manière de consommer est importante ».

7. Résultats

La priorité principale de Karma Project est de remplir sa mission sociale. Le but ultime d’Erin pour l’entreprise sociale est de contribuer à la sécurité alimentaire par le biais de ces initiatives : « j’aimerais beaucoup que la sécurité alimentaire fasse partie de la vie quotidienne et du vocabulaire de chacun et que chaque personne y œuvre ». On peut participer au bien-être social d’une collectivité de bien des façons, mais c’est « par le biais du mouvement de l’alimentation locale que l’on peut reconstituer le tissu social en général en travaillant ensemble ». Parmi les autres priorités figurant au début de la liste, on retrouve la mission culturelle et environnementale.

Les aliments cultivés par Karma dans les jardins communautaires seraient beaucoup moins vendables s’ils étaient pulvérisés de produits chimiques. Il est donc important d’être biologique pour le marché. « La nourriture, c’est la culture », c’et ce qu’il ressort du magasin, du jardin communautaire et des marchés fermiers. La Huronie a une riche histoire culturelle grâce à la présence des Francophones, des Anglophones et Autochtones et des Métis. Erin estime que « préserver l’alimentation est un morceau du puzzle et conserver une identité et une culture c’est important. » Deux priorités identifiées par Erin pour Karma Marketplace sont l’emploi à long terme et l’augmentation des possibilités de formations et de développement professionnels pour les employés. Elle vise à ce que le personnel ne reste pas à des postes statiques, mais plutôt qu’il ait accès à des séances de formations variées pour élargir ses compétences et ses expériences le plus possible. Elle espère que les personnes impliquées dans Karma Project partageront avec d’autres les connaissances qu’ils ont apprises par le biais de leur expérience sur le terrain.

Erin œuvre à obtenir plusieurs résultats pour les personnes avec lesquelles elle travaille, l’organisme et les collectivités dans lesquelles Karma Project a un impact. Pour les personnes avec lesquelles elle travaille, elle s’efforce de créer des emplois intéressants, valorisants, axés sur la communauté avec des salaires équitables. Les bénévoles sont encouragés à participer aux initiatives pour créer des points d’accès alimentaires alors que les clients peuvent utiliser leur propre parcelle de terrain dans le jardin communautaire. Pour l’organisme, Erin rêve de voir la longévité de l’approche coopérative de Karma Marketplace. Pour Erin, son entreprise sociale est un jeune organisme avec un effectif jeune lié à Karma Project. Elle croit que ces personnes assisteront au progrès de la coopérative. Pour la communauté, Karma Project veut l’inclusion, l’accès alimentaire et la reconnexion des membres de la collectivité. Les résultats organisationnels ont découlé de la transition d’une entreprise à une coopérative avec un conseil d’administration. Les résultats financiers ont découlé de l’utilisation des aides financières qui ont permis de payer des employés. Les résultats sociaux comprennent le nombre de personnes rejointes par Karma Project par le biais des produits et services offerts à Penetanguishene et dans le reste de la Huronie.

Le projet touche environ 100 personnes (par marché et par jour) de la communauté avec 3 marchés fermiers les vendredis, samedis et lundis. Les résultats culturels proviennent des initiatives visant à identifier les diversités culturelles de la région et à jeter des ponts entre elles. En 2011, Karma Marketplace a organisé un événement appelé « Winter Lore » durant lequel les membres de la communauté ont exploré les racines culturelles et les liens entre l’alimentation, la culture et l’art. Chaque participant a mangé un repas de trois plats culturellement diversifié préparé par un restaurant local de Penetanguishene. Les gains des billets vendus ont été réinvestis dans l’organisme. Les résultats environnementaux sont issus du travail dans le jardin communautaire et des ateliers sur la conservation des aliments, les aliments froids et cultiver sans polluer l’environnement. Les produits Karma sont uniques, car ils proviennent du jardin communautaire et sont ensuite transformés dans la cuisine communautaire par le cuisinier. Karma Marketplace produit sa propre gamme de produits et a commencé sa propre marque en 2012 dans le but de remplir son objectif de consommation responsable. Les personnes impliquées dans le projet souhaitent que les consommateurs pensent à ce qu’ils achètent en ayant en tête le développement durable, la santé et les marchés locaux. Karma Marketplace travaille fort à éviter la concurrence en faisant attention à ne pas reproduire des produits déjà sur le marché. Parmi ces produits uniques, on retrouve des conserves de ketchup aux champignons et des drunken radish pickles (radis ivres marinés). Des produits frais qui sont tous vendus à chaque marché fermier sont par exemple le pesto skeet à l’ail, la trempette citron graines de tournesol, les champignons marinés et la vinaigrette déesse verte. Ce sont les produits les plus populaires.
Erin gère Karma Marketplace et les autres initiatives de Karma Project depuis plus de 6 ans. Même si elle pense que l’organisme est jeune, elle partage plusieurs trucs et leçons pour quiconque voudrait démarrer une entreprise sociale.

  • Soyez honnête avec vous-même, votre personnel, votre conseil d’administration en ce qui concerne les finances et les dettes
  • Soyez flexible : n’oubliez pas que cette entreprise ne vous donnera pas exactement ce que vous attendez, suivez le courant, encaissez les coups, gardez l’esprit ouvert, soyez capable de modifier vos plans
  • Partenariats, partenariats, partenariats : cherchez le soutien d’amis, de collègues, d’organismes et de comités, soyez un partenaire solide pour les autres, demandez conseil et cherchez les occasions de mentorat lorsque vous en avez besoin, ayez confiance en vos partenaires et ceux qui vous appuient
  • Aimez votre municipalité et le secteur public : ces groupes ne sont pas des obstacles, respectez les règles, gagnez leur appui, demandez-leur de l’aide pour le bouche à oreille et les possibilités de financement

Dépensez selon vos moyens

  • Achetez local : soutenez votre communauté, car elle vous le rendra

D’autres facteurs essentiels au succès de Karma Marketplace incluent : faire preuve de patience, maintenir sa vision, être intègre, accepter une croissance faible et respecter ses valeurs. Quelles que soient les circonstances, Karma Project ne changera pas sa mission pour un produit. Ainsi, le magasin passera parfois à côté d’un article, tel qu’un produit biologique, car il n’est pas disponible sur les marchés locaux. Mais, si ça ne cadre pas, ça ne cadre pas. Erin a également donné quelques conseils pour améliorer la capacité d’une entreprise sociale à se développer. Elle souligne l’importance du financement de démarrage et de mi-parcours ainsi que la nécessité d’élaborer une meilleure terminologie du secteur de l’entreprise sociale. Il serait important d’organiser une campagne de sensibilisation favorisant une meilleure compréhension de ce qu’est l’entreprise sociale dans toute la province, ce qui profiterait à l’ensemble des entreprises. La communauté ne dispose que de ressources limitées pour les coopératives et il manque de formation pour les postes de gestion, voilà ce qui selon Erin sont les aspects négatifs de la gestion d’une entreprise sociale. Néanmoins, le dévouement d’Erin pour Karma Project est phénoménal. Les aspects positifs de l’entreprise sociale est de savoir que chacun agit avec intégrité, que tout ce qui a été vendu et que chaque dollar gagné cette journée l’ont été avec gentillesse, générosité et compassion dans le but de soutenir l’économie locale de Penetanguishene. Savoir que jour après jour on fait quelque chose de bien, l’emporte sur toutes les épreuves qui accompagnent l’exploitation d’une entreprise sociale.

8. Visions d’avenir

Dans un an, Karma Project aura élu son premier conseil d’administration, mis en œuvre un plan stratégique, ajouté un magasin à Port McNicoll du canton de Tay, ajouté un second jardin communautaire dans la région et obtenu, espérons-le, un véhicule d’entreprise. On aimerait également ajouter une option de dons en ligne pour augmenter le financement et atteindre un plus large public. Dans cinq ans, Karma Project espère que toutes les collectivités où il a un impact en Huronie seront sur la voie de la sécurité alimentaire. Selon Erin, ceci représente plus un objectif municipal ou communautaire, mais la sécurité alimentaire peut être le résultat du travail de Karma. On espère d’ici là être financièrement stable et ne plus utiliser d’aide financière externe. Dans le passé, Karma Projet avait donné 500 $ pour un événement en soutien au marché communautaire de Penetanguishene. Un objectif à long terme est de disposer d’assez de ressources pour pouvoir financer de manière substantielle d’autres groupes qui partagent les mêmes objectifs ou qui sont dans une entreprise sociale. Erin estime que tous les éléments de Karma Project peuvent être reproduits dans d’autres communautés qui ont besoin d’une alimentation locale, d’art, d’artisanat et de produits équitables. Les compétences du personnel, le conseil d’administration, le choix d’une marque, les marchés fermiers, le magasin et le jardin communautaire sont des ressources qui devraient être accessibles à tout le monde. Erin espère influencer des personnes d’autres communautés à faire la même chose que Karma Project. Des gens contactent Erin et les employés sur une base régulière pour demander comment l’entreprise sociale a démarré, quels sont leurs secrets et comment ils font pour que ça fonctionne si bien. Erin pense qu’il serait difficile de mettre sur pied une réplique exacte de Karma, mais qu’il est très possible de répandre ce qu’ils font dans la région. Si les besoins et les ressources communautaires sont là, alors rien n’empêche un magasin, un jardin communautaire, des marchés fermiers et autres initiatives d’exister.

9. Futur

Dans un an, le Projet Karma aura élu son premier conseil d’administration, mis en place un plan stratégique, ouvert un nouveau magasin à Port McNicoll dans la municipalité de Tay, ajouté un deuxième jardin communautaire dans la région, et, nous l’espérons, obtenu un véhicule de fonction. Ils aimeraient aussi avoir une option de don en ligne qui pourrait attirer d’autres personnes et par la même occasion augmenter leur capital. Dans 5 ans, le Projet Karma espère que chaque communauté impactée aura progressé dans son but d’avoir suffisamment de nourriture en Huronie. D’après Erin, cet objectif est plus celui de la municipalité ou de la communauté, mais ils aimeraient que l’influence de Karma engendre une certaine sécurité alimentaire. D’ici là, ils espèrent être stables financièrement et ne plus avoir besoin de subventions externes. Dans le passé, le Marché Karma a fait don de 500.00 $ à un évènement qui soutenait le marché communautaire de Penetanguishene. Un objectif à long terme est d’avoir une capacité d’investissement assez élevée pour pouvoir financer bien au-delà de ce montant d’autres groupes qui essaient d’atteindre les mêmes buts et/ou qui veulent devenir des entreprises sociales.

Erin pense que tous les éléments du Projet Karma pourraient être reproduits dans d’autres communautés qui ont besoin au niveau local de nourriture, d’art, de bricolages et de produits de commerce équitable. Les compétences d’un employé, le conseil d’administration, la valorisation de la marque, les marchés fermiers, la devanture, et le jardin communautaire sont des ressources qui pourraient être accessibles à tous. Elle espère influencer des personnes dans d’autres communautés à accomplir les mêmes choses que le Projet Karma est en train de faire. Des gens contactent Erin et son personnel régulièrement pour leur demander comment ils ont commencé leur entreprise sociale, quels sont leurs secrets, et comment ils maintiennent leurs opérations. Erin pense qu’une reproduction exacte de Karma serait difficile à accomplir, mais elle estime que ce qu’ils font peut encore se développer à travers la région. Si les besoins et ressources de la communauté sont accessibles, il n’y a aucune raison qu’une devanture, un jardin communautaire, des marchés fermiers et toute autre initiative ne puissent exister.

10. Video

The Karma Project of Penetanguishene, une vidéo de Sustain Ontario sur Vimeo.

11. Info diverses

Les informations recueillies pour cette étude de cas proviennent d’un entretien avec Erin Chapelle, fondatrice de Karma Project. Les voyages et la vision d’Erin en matière de communauté durable nous donnent une perspective unique des initiatives alimentaires locales qu’elle gère maintenant en Huronie.

Auteure et entretien : Jessica Davis, analyste du développement communautaire, Centraide du comté du Grand Simcoe

Étude de cas achevée en septembre 2013

 

76 Main Street Penetanguishene, ON L9M 1T4

705) 549-5999

karmateikei@live.ca

http://www.thekarmaprojectinc.com/

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